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Showing posts from February, 2021

L'improvisateur forcé

Tourguenev a écrit une nouvelle intitulée « L'odnovorets Ovsianikov. » (Notre traducteur, Henri Mongault, définit l’odnovorets comme étant un « paysan-gentillâtre », classe sociale intermédiaire dont l’existence trouve son explication dans l’histoire de l’expansion de la Russie.) Comme le titre l'indique, la figure de l'odnovorets septuagénaire domine le récit. Le narrateur-chasseur lui pose des questions et Ovsianikov lui offre des anecdotes, qui sont parfois musicales. Par exemple, le caractère tyrannique du seigneur et ivrogne Stépane Niktopolionitch s'exprimait par son goût pour la danse et la musique. Son besoin transformait ces arts en sport d'endurance. « Il fallait danser, dût-on périr » nous dit Ovsianikov. « Parfois », continue-t-il, « il obligeait [ses serves] à chanter en chœur, la nuit entière ; celle qui atteignait la note la plus aigüe recevait une récompense » (p. 140-141).    Vassili Nikolaïtch Lioubozvonov fût une figure bien plus mystérieuse

D'une voix rauque, bizarre

  Tourguenev a écrit une nouvelle intitulée « Mon voisin Radilov ». Après avoir abattu un oiseau sur la propriété de Radilov, le narrateur chasseur lui présente ses excuses et lui offre son gibier. Le propriétaire accepte sous condition qu'il vienne dîner chez lui. Ainsi, le narrateur va rencontrer les membres du foyer : la vieille mère, Olga, la belle-sœur et Fiodor Mikhéitch, un ancien propriétaire qui a tout perdu. Cet homme déchu nous intéresse tout particulièrement, car il est, malheureusement pour notre narrateur, le seul à proposer aux hôtes une forme de divertissement musical. C'est un ancien violoniste, mais le narrateur nous dit d'emblée qu'il n'y a rien à espérer. Sa musique est à l'image de sa déchéance. Mais elle est aussi une forme de comique de répétition. Car Fiodor n'est pas conscient de l'horreur qu'il suscite chez l'invité et il est toujours prêt à offrir ses services.  On dénombre cinq interventions de Fiodor dans le texte